L'Eglise protestante de Genève consacre six pasteur-es :« Nous ne sommes pas une espèce en voie de disparition »

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L'Eglise protestante de Genève consacre six pasteur-es :« Nous ne sommes pas une espèce en voie de disparition »

24 novembre 2004
Au cours d'une cérémonie de consécration qui se tiendra à la Cathédrale Saint-Pierre à Genève le dimanche 28 novembre, l'Eglise protestante reconnaîtra la vocation au ministère pastoral de 6 de ses pasteurs
Il faut préciser qu’à Genève, la consécration n’est pas automatique à la fin de la formation au ministère. Rencontre avec trois d’entre eux.

(Photo de groupe et portraits des 3 interviewés à disposition à la rédaction ou chez John Grinling, chargé de l’information de l’EPG, email : info.epg@protestant.ch , téléphone : 022/ 819 88 19)Ils sont 6 pasteurs à avoir souhaité un geste symbolique de reconnaissance liturgique de leur vocation : Sylvie Dunant, Caroline Hoffet, Blaise Menu, Bertrand Barral, Olivier Corthay et Jean-Michel Perret. A Genève, cette cérémonie n’e va pas de soi à la fin des stages pastoraux qui terminent la formation. Dans le bouillonnement contestataire des années 70, des étudiants en théologie inaugurèrent l’exception genevoise avec le « Manifeste des 22 » qui rappelait que la consécration ne s’apparente en aucun cas à une ordination et que pour eux, seul comptait le baptême. Depuis, la célébration n’est pas obligatoire pour exercer une fonction ministérielle dans l'Eglise protestante genevoise, mais tous les pasteurs et les diacres sont invités à demander leur consécration au moment au moment où ils se sentent prêts, ce qui peut arriver alors qu’ils sont déjà en charge d’une paroisse ou d’un ministère spécialisé depuis plusieurs années.Blaise Menu, pasteur à l’Animation Jeunesse :

« Nous avons une voix à faire entendre »« Cette consécration ne va pas nous nous rendre différents d’avant, ni faire de nous des planqués », explique Blaise Menu, 34 ans, responsable du service Animation Jeunesse de l’Eglise protestante genevoise, fils de pasteur et père de deux enfants. Travaillant avec des ados, il ne cultive pas la langue de bois : « Suis-je un dinosaure en voie d’extinction, se demande-t-il avec humour face à l’étonnement et à la retenue laïque qu’il ressent fortement quand il fait part de son statut de pasteur et de son engagement chrétien. Dire qu’on est pasteur, c’est mortel ! Mais enfin nous ne sommes pas des extraterrestres, nous avons une voix à faire entendre ».

Celui que « Dieu attendait au coin du temple », comme il l’explique avec ses mots bien particuliers qui font mouche auprès des jeunes, avoue s’être ennuyé ferme en écoutant, adolescent, des paroles qui sonnaient creux, adossé aux bancs inconfortables du temple qu’il fréquentait au centre ville. Il ne s’est pas contenté des réponses convenues qu’on lui offrait, il a choisi d’aller chercher lui-même à la source vive de l’Evangile. Il sera pasteur, c’est décidé, pour parler vrai et transmettre ce qui le fait vivre. « Accéder à la Parole passe par un dépouillement des mots, estime-t-il, mais c’est un exercice redoutable ». Pas question pour lui de faire du blabla avec les jeunes dont il est en charge au Back Nef Café dans le Temple de Plainpalais. « Il ne faut pas tomber dans le jeunisme ni attraper les tics de langage des ados pour tenter de se faire accepter». Son credo, on le lit sur son visage, dans son sourire, dans cette façon qu’il a d’être ouvert aux autres : « Je crois que Dieu a créé l’univers dans un excès de joie, et cette joie contagieuse fonde toute existence. Même dans mon dénuement et la peine, je me perçois comme enfant de cette joie ». Sylvie Dunant, aumônier à l’Hôpital cantonal :

Faire sentir la présence de Jésus Sylvie Dunant, 37 ans, mère de 3 enfants, est aumônier à temps partiel à l’Hôpital cantonal. « La foi fait partie de ma vie depuis tout enfant. Je n’ai pas envie de garder cette richesse pour moi toute seule mais de la partager. Elle me fait vivre, pourquoi la grâce, qui est gratuite par définition, ne ferait-elle pas vivre d’autres personnes ?

Quand je rencontre un patient, je cherche toujours à trouver avec lui ce qui le fait tenir debout, quelles sont ses ressources. C’est fabuleux de rencontrer les gens dans leur profondeur. Il suffit d’un temps d’arrêt, comme par exemple celui d’une hospitalisation, pour qu’une personne renoue avec ce qui est au plus profond d’elle-même, fasse part de ses préoccupations spirituelles. Ecouter, être avec les gens, accepter leurs émotions, faire sentir par son attitude plus que par ses mots, que la personne écoutée a été entendue, tels sont les maîtres mots de Sylvie Dunant qui se réfère à la présence du Christ, à son respect et son amour de l’autre. Caroline Hoffet, pasteure à Onex :

Une forte identité réformée Caroline Hoffet, 29 ans, pasteure à plein temps à Onex, se dit la plus réformée de la volée. Sans doute parce qu’elle est fille d’un pasteur réformé alsacien et qu’elle a dû affirmer son identité face à la communauté luthérienne et surtout à la majorité catholique. « J’appartiens à plusieurs Eglises,- j’ai fait un stage à Nîmes -, et à deux pays, étant à la fois suisse et française. Arrivée à 18 ans à la Faculté de théologie de Genève, Caroline Hoffet y a véritablement construit sa foi, contrairement à d’autres qui ont plutôt l’impression de la déconstruire en milieu universitaire. La diversité de son travail en paroisse la passionne. « Il faut toujours s’adapter, se renouveler, c’est crevant mais j’ai le sentiment de construire une communauté, des relations. Caroline Hoffet aimerait pouvoir être une petite lumière sur le chemin des gens qu’elle rencontre comme d’autres l’ont été pour elle. « Je voudrais partager cette relation forte à Dieu que j’entretiens et qui m’a été donnée. Je suis reconnaissante à ma communauté de base et à l’Eglise de Genève de pouvoir vivre ici une belle relation avec les paroissiens d’Onex.