Une foi enracinée et en croissance
Une image qui me vient s’il faut parler de ma foi, c’est celle d’un arbre fait de racines, d’un tronc et de multiples branches. Les racines, il faut les chercher dans ce que j’ai reçu de ma famille, depuis la terre de Cartigny (GE) où je vis encore aujourd’hui avec mon mari et mes enfants. C’est là qu’est née ma foi, par les histoires bibliques que ma mère me racontait le soir, par mon baptême à 6 ans, par le soutien d’une famille qui a toujours été présente pour moi.
Le tronc, ce sont mes années de jeunesse, de 16 à 20 ans, passées à découvrir une relation plus existentielle avec le Christ, grâce à des personnes dont la foi m’a touchée. L’expérience d’être aimée, désirée, par un Dieu qui s’est compromis dans notre humanité au point de la vivre lui-même jusqu’à la mort de Jésus sur la croix, a profondément bouleversé ma vie. Durant ces années-là, tout ce que j’avais reçu dans mon enfance s’est affirmé pour sortir de terre et former ce tronc solide qui aujourd’hui encore sous-tend ma foi.
Prendre au sérieux un appel
Puis ce tronc s’est diversifié en plusieurs ramifications: des formations, une expérience professionnelle, un mariage… jusqu’au moment où j’ai décidé de prendre au sérieux un appel à devenir pasteure, qui m’avait été lancé à 18 ans mais que j’avais laissé de côté. A 25 ans, j’ai senti en moi cette certitude: c’est là que mes pas devaient se diriger, maintenant. C’est ainsi que j’ai quitté mon travail pour m’inscrire à la Faculté de théologie de l’Université de Genève.
Ma licence en poche, je ne suis pas devenue pasteure. Certainement parce qu’il fallait que d’autres branches puissent naître. C’est ainsi que des enfants sont arrivés dans notre famille, m’obligeant à repousser mes stages pastoraux. Puis mon Eglise a traversé une crise qui m’a fait douter de ma vocation. C’est alors que se sont ouvertes pour moi les portes de l’enseignement, à l’Atelier œcuménique de théologie (AOT). Durant ces années, j’ai découvert avec beaucoup de joie ce dialogue constant avec des chrétiens de diverses confessions.
De nouvelles branches
Les années passant, mon arbre a continué à grandir, ma vocation s’est clarifiée, mais en dehors des sentiers habituels. Je me sentais appelée à servir le Christ, mais pas de la façon pastorale traditionnelle. Je voulais ouvrir une fenêtre pour que de l’air frais entre dans nos temples et rafraîchisse nos traditions. Mon bonheur alors a été de rencontrer d’autres personnes qui vivaient les mêmes questionnements que moi, et avec qui nous avons pu élaborer les contours d’une nouvelle forme de service ministériel. C’est ainsi que six d’entre nous ont été reconnus en 2016 comme «chargés de ministère», inaugurant une pratique qui a permis à notre Eglise de s’ouvrir à des compétences et à des ministères d’une grande variété. Je travaille aujourd’hui comme répondante pastorale pour la paroisse de Bernex-Confignon, où mon arbre s’étoffe de nouvelles branches au travers de relations lumineuses qui ne cessent de se nouer.
Je souhaite que mon arbre puisse continuer à grandir, à devenir de plus en plus solide, pour qu’au soir de ma vie, il offre une belle corolle feuillue aux oiseaux qui auront besoin de venir s’y reposer.
Bio express
1971: naissance à Cartigny.
1996-2007: Faculté de théologie, licence, puis diplôme d’études approfondies en Ancien Testament.
2005-2019: enseignante, puis codirectrice de l’AOT.
2016: reconnaissance comme chargée de ministère à l’EPG.
Dès 2019: chargée de ministère dans la Région Plateau-Champagne.