Sylvie Luginbühl rejoint l’Exécutif de l’Eglise protestante valaisanne

Sylvie Luginbühl lors de son élection ce 3 mai 2025 / DR
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Sylvie Luginbühl lors de son élection ce 3 mai 2025
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Sylvie Luginbühl rejoint l’Exécutif de l’Eglise protestante valaisanne

Députée PLR suppléante au Grand Conseil, l’Octudurienne a été élue ce samedi 3 mai sous les applaudissements de l’assemblée, réunie au Bouveret.

Ancienne conseillère municipale de la ville de Martigny en charge des Ecoles et de la formation secondaire et actuelle députée suppléante PLR  au Grand Conseil, Sylvie Luginbühl a rejoint ce samedi l’Exécutif de l’Eglise réformée évangélique du Valais. Pour la première fois depuis 2023, le Conseil synodal de l’Eglise protestante se retrouve à nouveau au complet. Par ailleurs, l’EREV compte désormais à sa tête deux membres du Grand Conseil, en la personne de Diego Schmid, président du Synode (Législatif) et l’Octodurienne nouvellement élue au Conseil synodal. Interview express, entre responsabilités ecclésiales et politiques.

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager dans l’Exécutif de l’EREV?

A vrai dire, tout a commencé par une demande qu’on m’a faite. Je n’avais pas cette ambition personnelle. Lorsque l’on me l’a proposé, j’ai cependant ressenti qu’il était temps pour moi de pouvoir rendre quelque chose à ma communauté, en m’impliquant différemment dans l’Eglise.

Quel regard portez-vous sur la situation de cette Eglise minoritaire au sein d’un canton catholique?

Je porte un regard positif, mais je me rends également compte, au travers du travail qui est fait par l’actuel Conseil synodal, que l’Eglise protestante peut être encore un peu plus mise en lumière. 

Votre statut de femme politique peut-il précisément contribuer à cette visibilité?

Si on souhaite qu'elle soit plus visible en politique, oui, c'est sûr. Il ne faut en effet pas minimiser l’importance du réseau et des contacts personnels que l’on peut apporter. Une institution comme l’Eglise est très complexe à aborder, car elle ne se résume pas seulement à un lieu de culte où on partage nos rituels particuliers. Elle recèle tout un éventail d’activités. Or si on n'est pas pratiquant, ni en contact avec une connaissance qui y prend part, on n’en a pas conscience. Il est donc important d’assurer ce relais. 

Désormais, les autorités de l’EERV comptent désormais deux membres au Grand Conseil (et un ancien député également en la personne de Robert Burri). Comment comprenez-vous cet entrelacement?

Je dirais qu’il s’agit d’un pur concours de circonstance. Ce n’est en aucun cas un prérequis. 

S’engage-t-on en Eglise comme on s’engage en politique? Cela fait-il partie d’un même mouvement?

Pour ma part, je ne vois pas de lien direct entre ces deux engagements. Il y a une grande distinction entre les valeurs qui m’habitent et la politique dans laquelle elles s’inscrivent. Même si j'ai également des valeurs que je partage avec un parti politique. 

Sur quels dossiers pensez-vous être particulièrement utile à l’EREV?

Quand on est membre d'une minorité, il s’agit avant tout de veiller à ce qu'elle existe et qu'elle soit respectée en tant que minorité. Je pense donc plutôt pouvoir jouer un rôle de facilitateur. S'il y a des sujets qui toucheraient énormément l'Eglise, je pourrais œuvrer en tant que relais pour présenter la position de l'Eglise. Après évidemment, au moment du vote, je continuerai à voter selon mes convictions profondes, au-delà des influences de mon parti ou celles de l’Eglise.

En tant que conseillère municipale, vous étiez en charge des Ecoles et de la formation secondaire. Quel regard vous portez sur l'enseignement religieux en Valais?

Je ne peux pas avoir la prétention d'en avoir compris tous les tenants et aboutissants. Par contre, je pense intéressant cette manière de faire, qui est de donner des clés de compréhension sur les différentes cultures et religions et de présenter, en quelque sorte, l’offre en la matière. Cela me semble d’autant plus pertinent à une époque qui se veut individualiste et où on peine à s’attacher à un groupe. 

Que penser du fait que cet enseignement soit élaboré par les Eglises?

 Je comprends que cela soit interrogé mais, à mon avis, ça n’a pas à être remis en cause. Le religieux est essentiel pour comprendre notre société. Dans ce contexte, je considère l’Eglise comme une ressource. Je ne vois pas pourquoi on se contenterait de présenter à nos jeunes les bienfaits de la méditation ou de la pleine conscience: il faut aussi leur transmettre la connaissance de ce que peuvent être les religions et de ce qu’elles ont construit au travers des siècles.

Comment vous définiriez l'attitude du monde politique valaisan vis-à-vis des institutions religieuses?
En raison de la séparation historique entre l’État et le clergé, je ressens une sensibilité qui pousse à tenir les Églises à distance. Pourtant, elles font toujours partie de la vie de beaucoup. Il y a une image à rétablir. Personnellement, quand j’étais conseillère municipale, j’ai apprécié rencontrer en début de législature les autorités religieuses. Celles-ci peuvent nous apporter un soutien moral, notamment lorsqu’on est confrontés à des questions éthiques. Ce n’est pas négligeable.